Travailler la notion de bien-traitance avec des équipes de professionnels dans les différents domaines de la petite enfance, de l’enfance ou de la personne âgée est aujourd’hui une évidence tout autant qu’un besoin. De nombreux programmes de formation permettent d’analyser et d’adapter les pratiques professionnelles afin de répondre aux besoins de chacun, tout en comprenant les multiples principes de réalités. Le concept de douce violence est venu, au fil du temps, renforcer la réflexion. Il reçoit aujourd’hui un écho impressionnant de la part des professionnels. Soucieux de leurs pratiques et espérant garder le cap malgré les manques récurrents de moyens et de reconnaissance. Il y a quelques mois, ce concept de douce violence est sorti des domaines professionnels pour venir interpeller le citoyen. Il s’est illustré au cœur de ma ville de Bures-sur-Yvette, en l’Essonne à travers une expérience atypique.
Un constat comme point de départ
Depuis de nombreuses années, beaucoup d’accompagnements pédagogiques autour notamment du concept de douces violences ont fait bouger les pratiques professionnelles. Ce concept, construit au cœur du terrain, à partir de multiples observations, s’est façonné avec les professionnels dans des contextes réels. Il est aujourd’hui un véritable repère dans les analyses de pratiques professionnelles. La parole au-dessus de la tête de l’enfant ou d’un adulte, les étiquettes, les jugements, les gestes imposés sans anticipation sont autant de postures inadaptées. Repérées, énoncées, elles interpellent, font réagir et aident à changer certaines habitudes. En parler permet de les rendre visibles et lorsque les discussions s’ouvrent, nul ne reste indifférent. C’est donc en partant de ces intérêts partagés autour de la notion de douce violence que ce projet d’ouvrir la réflexion en dehors des champs professionnels a débuté.
Rendre visible pour mieux comprendre
Parler de « douces violences » interpelle dans un premier temps par l’effet que produit un oxymore. Voici bien 2 mots dont leurs sens s’opposent, cependant la douceur évoque ici la discrète attitude qui s’infiltre dans un quotidien habituel et la violence est le résultat de cette posture inadéquate. Par des exemples concrets, la douce violence devient compréhensible et permet d’amorcer toute la réflexion pour pouvoir y remédier.
Ainsi, avec Véronique Olivier-Martin, facilitatrice visuelle de profession, nous avons proposé d’utiliser les différents moyens de communication de la ville pour que les douces violences puissent être vues et puissent interpeller les passants. Nous avons construit notre projet à partir des tableaux lumineux situés dans les différents points stratégiques de la ville, tout en accompagnant ces dessins par une série de textes et de dessins dans la newsletter hebdomadaire de la mairie. Une conférence dessinée en direct s’est déroulée à mi-parcours de cette belle aventure débutée en février et terminée mi-juin. Au total 5 thèmes, déclinés en 3 dessins différents autour de la petite enfance, des relations au travail, de la personne âgée, du handicap et de la famille se sont succédés sur cette période.
Des retours encourageants
Cette campagne de sensibilisation a suscité beaucoup de discussions, de manière informelle, dans les couloirs de la mairie, au café du centre-ville, ou même chez les commerçants et de manière plus formelle lors de la conférence. Des passants, arrêtés devant le panneau ont regardé plusieurs fois les dessins défiler, certains disant clairement ne pas y avoir pensé.
Cette initiative se voit aujourd’hui prendre son envol dans une autre commune… La douce violence devient une cause, visible, entendue, reconnue… Une urgence car elle concerne bien tout le monde et ce n’est pas difficile d’y remédier !
Christine Schuhl, août 2025
