Une indignation au fil de la plume…

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Une indignation au fil de la plume…

Entre colère et incompréhension

Les alarmes sonnent à tout va… Sur les réseaux sociaux, à la télévision, sur les panneaux lumineux ou sur les couvertures des journaux… Nous sommes en danger… De mort !

Le ton est donné, il ne nous reste plus qu’à composer autour d’une obéissance et des règles sanitaires qui ne nous laisseront aucun choix. Ni même pour cette Maman obligée de laisser son petit seul aux mains des soignants, dans un service d’urgence pédiatrique, ni pour ces familles à qui l’ont interdit les visites auprès d’un aïeul . Le Déni d’humanité à reprit une place ancestrale, que nous étions certain de ne plus rencontrer.

Des mots magiques pour se rassurer

Pourtant, personne ne désire ces absences absurdes, justifiées par un « On » sorti de nulle part qui interdit et ferme à tout va. Ce sont des protocoles, des interdits, des mesures, des obligations, des discussions sans retour alors que le bouclier de mots magiques se construit comme une barricade.

Chacun se plait à parler de Bien-traitance, d’humanitude, de respect, de dignité, d’éthique et de valeurs… Avec le couperet du « on ne peut pas faire autrement «  qui plus est… « Pour une durée indéterminée ». « On » vous remercie d’avoir appelé pour prendre rendez-vous pour une visite et avec un sourire dans la voix, « on » vous dit que « non ce n’est pas encore possible cette semaine… Au revoir Madame ».

Pendant ce temps-là du petit âge au grand âge des solitudes se morfondent que les talents des soignants ne pourront pas combler. L’humanité toute entière ne pourra pas survivre dans l’absence de contact…  Nous le savons parfaitement.

Parler de continuité, de charte, d’engagement et de démarche qualité n’a guère de sens si toute personne vulnérable ne peut plus être auprès des siens pour continuer d’écrire son histoire, celle qui lui appartient et qu’aucun professionnel ne pourra faire à sa place.

Une responsabilité mise à mal

Alors que l’on ne cesse (Ce « on » est décidément bien envahissant !) de nous répéter qu’il est important de respecter les gestes barrières, qu’il en va de notre responsabilité, le système protocolaire pose ses interdits en nous déresponsabilisant. Alors que dans les services d’oncologie, où les mesures sont extrêmement strictes et que les visites aux malades se poursuivent, dans les autres établissements de soins moins intensifs, les portes restent fermées.

Quel sens donner à ce contre-sens ? Comment faire entendre l’importance vitale d’un regard familier, d’une voix que l’on connait, d’un silence partagé ? Comment parvenir à dire notre volonté d’arrêter cette pandémie sans oublier personne ?

Notre responsabilité citoyenne, collective est forte et bien réelle. Aucun d’entre nous ne prendrait le risque de mettre son prochain en danger. Ne pas respecter certaines règles est peut-être la cause d’une incompréhension bien plus que d’une mauvaise volonté. Si le temps est donné à un accompagnement réel de celui qui vient en visite auprès de celui qui est vulnérable, peut-être que les rencontres peuvent se penser autrement.

Comprendre les possibles et les impossibles

Il est évident que nous ne pouvons pas être comme « avant » cette pandémie. Mais au lieu d’être réduits à une somme vertigineuse d’interdits, voyons ces possibles, ceux qui redonneront la place légitime des familles, des animateurs venus donner un peu de créativité dans les lieux de vie de personnes âgées ou auprès de malades.

Prenons le temps de comprendre comment, en se protégeant consciencieusement, avec un protocole compréhensif et efficace, nous pourrons retrouver ceux que nous aimons dans des distances qui seront humainement acceptables.

Les possibles sont à portée de tous et sont bien réels.

Un droit à l’optimisme

Sommes-nous obligés de rentrer tête baissée dans ce pessimisme rongeur de tout espoir ? La bien-traitance, le respect peuvent reprendre le sens de ce qui fait que nous sommes des hommes et des femmes, des enfants au besoin vital de relations. Il ne faut pas grand-chose pour que la présence reprenne sa place si légitime et si facilitatrice de « réassurance » dans les différents aléas de la vie, tant pour les plus petits que pour les plus âgés.

Si les portes s’ouvrent, si les regards peuvent à nouveau se croiser, si les paroles peuvent s’échanger et  les soupirs et les émotions se partager, alors une sécurité affective sera plus intense, stimulant un bien-être porteur d’immunité.

Tout ceci est possible, en dehors d’une vision politicomédicocomptable…

Ces possibles forment une demande d’une extrême urgence, profondément humaine, logiquement humaine.

                                                             Christine Schuhl Janvier 2021

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